« Une formation d’exception pour de nouveaux enjeux en finance »: c’est ainsi que l’université Paris Dauphine qualifie son Executive Master, qui vient d’être lancé au Maroc en partenariat avec le cabinet Fidaroc Grant Thornton.
Le master répondra certainement à la forte demande de formation en finance islamique, pour accompagner le développement de cette filière au Maroc et à l’international. Le choix du Maroc pour lancer cette formation n’est pas dû au hasard. Au contraire, il traduit les atouts et les perspectives de développement de la finance islamique au Maroc.
« Le Maroc subit des mutations sociopolitiques qui favoriseront certainement le développement de la finance islamique », a déclaré Faïçal Mekouar, président de Fidaroc Grant Thornton et coordinateur du conseil professionnel du Master.
M. Mekouar a par contre rappelé le niveau non satisfaisant de la bancarisation au Maroc. Il s’est montré confiant dans le rôle que pourrait jouer le développement de la finance islamique dans l’accroissement du niveau de bancarisation, notamment auprès d’un segment qui n’est pas satisfait par les produits bancaires disponibles sur le marché.
Le coordinateur du conseil professionnel du Master a ajouté que la finance islamique représente une alternative qui permettra d’alléger l’exposition des systèmes financiers aux crédits et d’être moins vulnérable. Il a par ailleurs affirmé que le Maroc a besoin d’intégrer la finance islamique dans son système financier pour attirer plus de capitaux étrangers et renforcer sa position de hub financier au carrefour de l’Afrique, de l’Europe et du monde arabe.
La finance islamique, une opportunité d’investissement à saisir
Les actifs financiers islamiques se sont établis à deux mille milliards de dollars à travers le monde en 2014. Cela représente une croissance exponentielle de l’ordre de 17% depuis 2007, contre une croissance de 2,8% sur la même période pour les actifs conventionnels.
En valeur absolue, la part de la finance islamique semble importante. Pourtant, ce n’est pas le cas. Les actifs financiers globaux s’établissent à 294.000 milliards de dollars. En conséquence, la part de marché des actifs islamiques demeure très faible (0,71%).
De plus, le secteur reste géographiquement concentré dans les pays du Golfe et en Malaisie. D’autre part, la composition des actifs islamiques globaux est largement dominée par les actifs bancaires (80%, contre 16% pour les Sukuks ou 1% pour l’assurance Takaful encore très sous-développée).
« Nous assistons aujourd’hui au développement de banques conventionnelles islamisées, plutôt qu’à une vraie finance islamique« , a déclaré Anouar Hassoune, Directeur du Master.
En revanche, il ne convient pas d’ignorer l’important essor de la filière, et donc les niches d’investissement qu’elle représente. « L’industrie financière islamique enregistre une croissance rapide dans son cycle de développement; c’est donc le moment idéal pour investir », ajoute M. Hassoune.
Actuellement, l’industrie est cependant tributaire de l’intermédiation excessive, de la concentration géographique et du monopole des pays pétroliers. Pour la révolutionner et la développer, il faut urgemment développer des procédés innovants au moyen d’un capital humain plus compétent.
Au Maroc: un cadre légal adapté, mais encore quelques lacunes
Le Maroc a entamé des efforts considérables pour adapter le cadre réglementaire à l’instauration de la finance islamique et pour accompagner son développement. Rappelons à cet effet la loi n°103.12 relative aux établissements de crédit et organismes assimilés introduisant les banques islamiques dans le code bancaire, sous la tutelle du conseil supérieur des oulémas qui veille à la conformité. Rappelons également le projet de loi n°059-13 modifiant et complétant la loi n°17-99 portant code des assurances qui ouvre la voie à la mise en place des assurances islamiques « Takaful ». Quelques lacunes sont néanmoins à relever comme l’inadéquation de la fiscalité aux contrats de la finance islamique.
La formation dans cet Executive Master s’étale sur une année. Elle commence en février et s’achève en mars de l’année suivante. Les cours ont lieu quatre jours par mois et les frais de formation s’établissent à 12.500 euros.
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