Actualité La Région bruxelloise voulait attirer des banques islamiques mais le plan du gouvernement n’a rien donné.
Il y a un peu plus d’un an, « La Libre » révélait que la Région bruxelloise se rêvait comme future capitale européenne de la finance islamique. Pour cela, l’ancien ministre régional de l’Economie, Benoît Cerexhe (CDH), avait défini comme priorité d’attirer à Bruxelles des organismes de régulation de la finance islamique afin qu’ils puissent faire du lobbying auprès de la Commission européenne pour adapter la législation bancaire aux règles de l’Islam. Benoît Cerexhe voulait aussi à terme attirer des banques musulmanes dans la capitale belge, qui auraient alors proposé des produits financiers adaptés aux clients musulmans.
Mais, depuis lors, rien n’a bougé… De source économique, il nous revient que le gouvernement régional n’a finalement rien fait. Résultat : aucune institution de régulation ne s’est implantée à Bruxelles, aucune banque de détail n’a remis de demande pour ouvrir des succursales au sein des frontières de la Région. Si Bruxelles veut toujours devenir la capitale de la finance islamique, c’est donc mal parti. Pourtant, ce type de capitaux représentait 1 540 milliards de dollars en 2012.
Pourquoi un tel couac ? Au cabinet de la ministre Céline Fremault (CDH), qui a remplacé Benoît Cerexhe en mars de l’année dernière, on explique que le dossier ne figure pas dans les priorités et, par ailleurs, que la Commission européenne s’est montrée assez tiède quant à l’adaptation de ses règles bancaires à la finance islamique. « La ministre n’avait qu’un mandat d’un an et elle a donc mis en avant huit priorités telles que l’emploi des jeunes. La finance islamique ne faisait pas partie de ces huit priorités, explique Laurent Hacken, chef de cabinet adjoint de Céline Fremault. Les pays du Golfe sont toujours une cible économique pour nous mais pas autant que les USA, le Japon, etc. Suite au plan lancé par Benoît Cerexhe, nous avons pris des contacts au niveau européen mais la Commission n’a pas manifesté d’intérêt, elle ne souhaite pas adapter sa législation en créant des règles spécifiques à la finance islamique. Nous avons été honnêtes avec nos contacts au sein de la finance islamique par rapport à cela et donc aucun office de régulation n’a été ouvert à Bruxelles. En ce qui concerne le marché des particuliers, aucune demande n’a été déposée pour ouvrir une banque islamique de détail à Bruxelles« .
Mission princière : le test
Toutefois, au cabinet Fremault, on ne tire pas un trait sur le dossier pour autant. « On reste ouvert à la finance islamique, confirme Laurent Hacken, la mission économique princiè re en Arabie saoudite (et au Qatar et à Oman, NdlR) commence dans dix jours et ce sera l’occasion pour nous de voir le vrai niveau d’intérêt du monde bancaire musulman pour une implantation à Bruxelles. Un séminaire spécifique sera organisé sur la question lors de la mission princière« .
Frédéric Chardon
source:www.abpm.be